Banquet de printemps 2010

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Le Banquet du livre de printemps 2010

L'Espace russe

du vendredi 14 mai au dimanche 16 mai

rencontres | tables rondes | cinéma
lectures | soirée musicale | librairie

Bien plus qu’une donnée géographique ou géopolitique, l’immensité russe est une donnée de la conscience. Elle a façonné les représentations, les mentalités, pulvérisé la notion de limite et scellé le temps dans des catégories spatiales. La mort, la renaissance, la quête identitaire ou spirituelle s’incarnent dans des lieux, des paysages, des territoires. A l’inverse, paysages et territoires inclinent à se changer en abîmes où s’engloutissent identité, mémoire, réel et perspectives.

Entre la traversée des enfers (Gogol, Les Âmes mortes), la création de l’enfer sous prétexte d’édifier un paradis (Platonov, Le Chantier/La Fouille), l’aspiration à un refuge dans l’extrême (Golovanov, Éloge des voyages insensés), refuge qui, pour des millions de détenus et relégués est devenu, au fil de l’Histoire, le lieu du châtiment, l’espace russe multiforme et informe, apparaît comme la cristallisation de tous les impossibles.

Dans le même temps, par ses lignes de fuite infinies (Guirchovitch, Apologie de la fuite), l’espace russe est gage de salut, offre de rédemption. A l’instant du triomphe absolu de la mort (mort voulue ou non, réelle ou littéraire), l’espace russe demeure tel qu’en lui-même (Sorokine, Roman), terrain propice à tous les recommencements.

 

Le programme

vendredi 14 mai 2011

18 h : Rencontre avec l’écrivain russe Vladislav Otroshenko et Hélène Châtelain, traductrice, directrice de la collection « Slovo » : qu’est-ce qu’être « géographe métaphysicien » ?

21 h : Projection du film-documentaire d’Hélène Châtelain, Nestor Makhno, un paysan d’Ukraine (1996), suivi d’un débat avec la cinéaste.

(Révolutionnaire et paysan, Nestor Makhno est à l’origine du mouvement émancipateur libertaire en Ukraine de 1917 à 1921. Né à Goulaï-Polié, il prend part très jeune à la révolution de 1905 et est arrêté en 1908. D’abord condamné à mort, sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité en raison de son âge. Libéré en 1917, il retourne dans sa ville où il organise les paysans et les ouvriers : les terres des grands propriétaires sont distribuées aux paysans pauvres, les ouvriers gèrent les usines. Après l’abandon de l’Ukraine en 1918 par les soviétiques, le mouvement makhnoviste prend les armes pour défendre cette société libertaire.

Le film d’Hélène Châtelain est une véritable enquête sur la mémoire, un travail d’investigation sur la manipulation de l’image et ses conséquences. Une heure dense d’informations, d’émotions, de témoignages, d’analyses comparatives des images positives et négatives.

Makhno est-il la mémoire inconnue et méconnue de l’Ukraine ? Pourquoi cette manipulation de l’histoire ? Quels sont les moyens qui ont imposé la remise en forme de l’histoire par les autorités soviétiques et cette occultation du mouvement anarchiste d’Ukraine ? Sa mémoire est-elle vivante aujourd’hui en Ukraine après des années d’occultation totale soviétique ? Ce film est-il une manière de restituer la mémoire de Nestor Makhno et de sa lutte, si longtemps éradiquée ? Une réhabilitation de l’auteur de «  Prolétaires de tous les pays, regardez au fond de votre âme, c’est là qu’est la vérité  » ?)

samedi 15 mai 2011

11 h : Atelier : « L’espace littéraire russe ; à propos de Nikolaï Gogol et Evgueni Zamiatine », avec Anne Coldefy-Faucard et Luba Jurgenson, traductrices et directrices de la collection « Poustiaki ».

15 h : Rencontre avec l’écrivain russe Vassili Golovanov, l’éditrice Irina Prokhorova, directrice des éditions LNO, le traducteur Yvan Mignot et Hélène Châtelain : « Le Grand Nord ».

16 h 30 : lecture

17 h 30 : Table ronde : « Le Grand Nord », avec les traductrices Hélène Mondon, Anne Coldefy-Faucard et Luba Jurgenson et Irina Prokhorova.

19 h : Lecture.

21 h : Projection du film-documentaire (titre ?), d’Emmanuel Durand, suivi d’un débat avec le réalisateur.

dimanche 16 mai 2010

11 h : Atelier : « Léonid Guirchovitch et la musique », avec l’écrivain Léonid Guirchovitch et Luba Jurgenson.

15 h : Rencontre avec le romancier russe Vladimir Sorokine et Anne Coldefy-Faucard et Luba Jurgenson : « L’espace dans l’œuvre de Sorokine ».

16 h 30 : Lecture.

17 h : Rencontre avec Léonid Guirchovitch et Luba Jurgenson.

Les auteurs et traducteurs invités

Les écrivains russes

Vassili Golovanov est né à Moscou en 1960. Il est journaliste et écrivain. Il vit à Moscou ou en voyage. Son roman, Éloge des voyages insensés, est publié en français en 2008 par les éditions Verdier  (Prix Russophonie 2009 pour la traduction). « Depuis l’effondrement du communisme et la chute du Mur de Berlin, dit-il, nous n’avons plus d’ailleurs. C’est cet ailleurs, sans lequel aucune création n’est possible, que nous cherchons. »

Léonid Guirchovitch, né en 1948, a fait des études de violon au Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il a quitté l’URSS dans les années 70 pour Israël et vit en Allemagne depuis près de vingt ans. Premier violon à l’Opéra de Hanovre, son œuvre comprend plusieurs romans et des essais sur la musique. Publiés en français : Têtes interverties (2007) et Apologie de la fuite (2004).

Vladislav Otroshenko est né en Union soviétique en 1959. Il vit à Moscou. Romancier et essayiste, il est traduit en Italie où il a vécu, aux Etats-Unis et au Japon. Ses livres ne sont pas encore publiés en français.

Il est membre de l’Association mondiale des écrivains Pen International.

Vladimir Sorokine est connu dans les milieux non-conformistes depuis la fin des années soixante-dix. Il est né en 1955, et devient un écrivain russe majeur après l’effondrement de l’Union soviétique.
Ses romans, nouvelles, récits et pièces de théâtre sont de véritables événements, suscitant louanges, critiques acerbes, contestations, indignation. Écrit dans les années 1985-1989, Roman est un des chefs-d’œuvre de l’auteur. Il est publié en 2010 en français chez Verdier, en même temps que La Voie de Bro (Éd. de l’Olivier).

Les traducteurs et critiques

Hélène Châtelain est responsable de la collection « Slovo » aux éditions Verdier. Elle a traduit, entre autres, Vassili Golovanov (Éloge des voyages insensés, Éd. Verdier, 2008, Espaces et labyrinthes, Éd. Verdier )

Anne Coldefy-Faucard est coresponsable de la collection « Poustiaki » aux Éditions Verdier ; elle est traductrice, entre autres, de Sigismund Krzyzanowski (Le Retour de Münchhausen, Éd. Verdier, 2002), et de Boris Vakhtine (La Douceur chardon de l’absinthe, Éd. Verdier, 1999).
Luba Jurgenson est coresponsable de la collection « Poustiaki » aux Éditions Verdier ; elle est traductrice notamment de Varlam Chalamov, (Récits de la Kolyma, Éd. Verdier, 2003) et de Léonid Guirchovitch (Apologie de la fuite, Éd. Verdier, 2005).

Yvan Mignot est traducteur, entre autres, de Daniil Harms (Œuvres en proses et en vers, Éd. Verdier, 2005).

Hélène Mondon a traduit l’ouvrage collectif Nous autres paysans, Lettres aux Soviets, 1925-1931 (Éd. Verdier, 2004).

Lectures

Serge Renko a été l’un des acteurs préférés d’Éric Rohmer, pour qui il joue le rôle principal dans Triple Agent (2004). Au théâtre, il a joué notamment dans Et nos corps si capables se mirent à danser, (mise en scène de Laure Salama, 2008).

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