Banquet d’été 2010

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Le Banquet du livre d'été 2010

Contre la gestion politique du tous, le souci du chaque-un

du vendredi 6 août au vendredi 13 août

Conférences, Lectures, Ateliers, Librairies. 

Le questionnement proposé pour le Banquet d’Été 2010 s’inscrit dans le prolongement du Banquet d’Été 2009, où a été engagée à travers le thème : « Ici et maintenant – Au-delà du tout-politique » une interrogation sur la « vision politique du monde ».

La politique moderne, depuis la décision de Platon, repose sur l’expression de la « volonté générale ». qui est toute-puissante. Le problème, c’est que la masse est « aveugle » et qu’un législateur, occupant seul une place singulière, doit en être l’intelligence. Ainsi, l’espace du politique vise le tous, et chaque fois un s’excède de tous. Dès lors, si la Loi, expression de la volonté générale, résulte du « débat collectif », du dialogue de la cité, ne devient-elle pas pour finir l’expression arbitraire d’un Un qui vaut pour le collectif ? Et la multiplicité des Chaque-Un se trouve ainsi réduite au pouvoir de l’Un. La visée du tous « homogénéise » les singularités dès lors indifférenciées en les englobant dans le Tout. Seulement, ce mouvement englobant du Tout bute toujours sur l’irréductibilité de chaque un singulier – c’est-à-dire le Nom propre – qui échappe au Tout.

On sait pourtant que Platon pensa tout d’abord, sous la forme du mythe, l’idée d’un gouvernement mû par le souci de chaque-un : la figure du Pasteur. Face au danger de la massification, il s’agit précisément de « décomposer la masse », de revenir au chaque-un, d’ «arracher chaque un à l’effet de masse ». Dès lors, « l’accord doit être d’abord un accord de soi à soi, il faut être rassemblé, ne pas être soi-même multiple (peuple). La réduction à l’unicité, c’est revenir à soi comme lieu d’accord. » « Dans le souci de soi se dévoile l’horizon de l’universel. »

À l’occasion d’un cours dispensé aux États-Unis, Foucault étudia les traces d’un « gouvernement pastoral », où le pasteur articule le « gouvernement de soi et le gouvernement des autres », où l’État se définit par le souci de chaque-un, et non la visée du tous.

Et dans Le Meurtre du Pasteur, Benny Lévy développe cette question dans les termes suivants, repris de Platon : « Sans souci de soi, il ne saurait être question de se soucier de ce qui dépend de soi (…) L’administration des biens des autres – le gouvernement des autres –est économie au sens fort, loi de l’oiken, de l’habitation – du domaine propre – qui dépend de la subjectivation, de l’événement de soi. Quelqu’un qui ne se soucie pas de lui ne peut se soucier des autres, quelqu’un qui ne se gouverne pas ne peut gouverner les autres. »

Ce « souci du chaque un » qui apparaît chez Platon connaît probablement plusieurs affleurements au cours de l’histoire de l’Europe.

Et notamment, la conception politique de l’organisation de l’espace – celui de la ville, tout particulièrement – qui détermine le mode d’arrangement des corps, est cruciale du point de vue de notre question. Comme le dit en effet Jean-Claude Milner lors du Banquet d’été 2009, la singularité du sujet, de l’être parlant, repose sur le fait que chaque âme est inéluctablement associée à un corps ; c’est pourquoi « aucun sujet n’est substituable à l’autre.»

Or, « Le corps est crucialement impliqué dans beaucoup de questions et notamment dans les questions dites politiques. Les libertés politiques, ce sont des libertés du corps uni à l’âme».

Ainsi, de la liberté d’expression et de la liberté de réunion. Dès lors, est par exemple décisive cette invention, dans les villes à la fin du Moyen Age, de la différenciation entre un espace public – lieu du dialogue et de la recherche de l’accord de tous – et un espace privé – lieu protégé de l’intériorité du sujet où s’entretient la possibilité d’un rapport à l’infini.

L’Etat moderne a donc pu se concevoir comme protégeant l’espace du chaque-un. Mais cette perspective ne risque-t-elle pas d’être désormais recouverte, à l’heure où l’on assiste d’une part à ce qui ressemble à un brouillage du privé et du public et d’autre part, à la gestion politique des grands nombres ?

Mais aujourd’hui, la politique contemporaine mondialisée réside en une gestion du tous, basée sur une volonté de maîtrise statistique des grands nombres auxquels sont réduits les corps-choses.  La raison politique se situe ainsi à l’intersection de l’économie et de la biologie.  Mais alors, qu’en est-il de la possibilité d’une politique pastorale qui reprenne l’intuition non aboutie de Platon, à savoir : qui soit guidée par le souci du chaque-un et non pas seulement la gestion du tous ?

Comment concevoir une articulation entre espace privé et espace public qui permette au sujet individuel de « reprendre possession de sa liberté », tout en assurant un « vivre ensemble » à l’abri de l’homo homini lupus ?

Peut-on penser « un gouvernement pastoral » qui ne soit pas articulé à la raison d’Etat pour produire une société du contrôle généralisé des corps et donc des consciences  – en un mot qui ne fonde pas une « biopolitique », mais crée les conditions favorables à la liberté du chaque-un ?

Vendredi 6 août 2010

11 h :   Ouverture du bistrot du Banquet et de la librairie permanente « Le Nom de l’homme »

14 h : Ouverture de la grande librairie du Banquet

21 h 30 : Concert inaugural de Paco Ibáñez

Samedi 7 août 2010

9 h : Randonnée pédestre guidée par Patrick Valette

10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet

16 h : Rencontre du petit cloître. Gwenaëlle Aubry : « Le moi multiple et l’impersonnalité du chaque-un – d’une brève rencontre entre la pensée grecque et le roman contemporain »

17 h 30 : Quart d’heure musical, par Joëlle Cousin, Laurence Disse, Pierre Fourcade et Claude Simon-Fourcade

18 h :   Rencontre du petit cloître. Patrick Boucheron :  « Senza paura : la place de chaque-un dans la cité bien gouvernée »

21 h 30 : « Lecture d’un choix de textes par Gwenaëlle Aubry et Jean-Baptiste Harang

Dimanche 8 août 2010

9 h : Randonnée pédestre guidée par Patrick Valette

10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet

10 h : Atelier de civilisation grecque conçu et animé par Dominique Larroque-Laborde

11 h : Atelier cinéma conçu et animé par Jean-Louis Comolli :  « Place du spectateur et part de l’ombre »

11 h 30 : Atelier de philosophie conçu et animé par Françoise Valon

16 h :   Rencontre du petit cloître. Marc Perelman : « Espace privé/espace public, le corps dans la ville d’aujourd’hui »

17  h 30 : Quart d’heure musical, par Joëlle Cousin, Laurence Disse, Pierre Fourcade et Claude Simon-Fourcade

18 h : Rencontre du petit cloître. Stéphane Audeguy : « La chambre des géants, le singulier dans le roman »

21 h 30 : Lecture d’un choix de textes par Pascal Quignard et Olivier Rolin

Lundi 9 août 2010

9 h : Randonnée pédestre guidée par Patrick Valette

10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet

10 h : Atelier de civilisation grecque conçu et animé par Dominique Larroque-Laborde

11 h : Atelier cinéma conçu et animé par Jean-Louis Comolli : « Place du spectateur et part de l’ombre »

11 h 30 : Atelier de philosophie conçu et animé par Françoise Valon

16 h : Rencontre du petit cloître. Maryline Desbiolles : « De je à nous : la toute surface du roman »

17  h 30 : Quart d’heure musical, par Joëlle Cousin, Laurence Disse, Pierre Fourcade et Claude Simon-Fourcade

18 h : Rencontre du petit cloître. Paul Jorion : « Hegel : le citoyen et le bourgeois qui se logent en nous ne parlent pas d’une même voix »

21 h 30 : Lecture d’un choix de textes par Stéphane Audeguy et Maryline Desbiolles

Mardi 10 août 2010

9 h : Randonnée pédestre guidée par Patrick Valette

10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet

10 h : Atelier de civilisation grecque conçu et animé par Dominique Larroque-Laborde

11 h : Atelier cinéma conçu et animé par Jean-Louis Comolli : « Place du spectateur et part de l’ombre »

11 h 30 : Atelier de philosophie conçu et animé par Françoise Valon

16 h : Rencontre du petit cloître. Ivan Farron : « Pierre Michon entre Loyola et Port-Royal »

17  h 30 : Quart d’heure musical, par Joëlle Cousin, Laurence Disse, Pierre Fourcade et Claude Simon-Fourcade

18 h : Rencontre du petit cloître. Gilles Hanus : « Chacun et tous : souci de soi et science du politique »

21 h 30 : Lecture d’un choix de textes par Mathieu Riboulet

Mercredi 11 août 2010

9 h : Randonnée pédestre guidée par Patrick Valette

10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet

10 h : Atelier de civilisation grecque conçu et animé par Dominique Larroque-Laborde

11 h : Atelier cinéma conçu et animé par Jean-Louis Comolli : « Place du spectateur et part de l’ombre »

11 h 30 : Atelier de philosophie conçu et animé par Françoise Valon

16 h : Rencontre du petit cloître. Paolo Francesco Adorno : « La liberté d’être une brebis »

17  h 30 : Quart d’heure musical, par Joëlle Cousin, Laurence Disse, Pierre Fourcade et Claude Simon-Fourcade

18 h : Rencontre du petit cloître. Entretien entre Gérard Macé et Christophe Pradeau : « Nous sommes souvent seuls, jamais uniques »

21 h 30 : Lecture d’un choix de textes par Gérard Macé et Jean-Yves Masson

Jeudi 12 août 2010

9 h : Randonnée pédestre guidée par Patrick Valette

10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet

10 h : Atelier de civilisation grecque conçu et animé par Dominique Larroque-Laborde

11 h : Atelier cinéma conçu et animé par Jean-Louis Comolli : « Place du spectateur et part de l’ombre »

11 h 30 : Atelier de philosophie conçu et animé par Françoise Valon

16 h : Rencontre du petit cloître. Jean-Christophe Weber : « Le pouvoir du médecin : déplacements politiques et embarras pratiques »

17  h 30 : Quart d’heure musical, par Joëlle Cousin, Laurence Disse, Pierre Fourcade et Claude Simon-Fourcade

18 h : Rencontre du petit cloître. Daniel Pennac : « Bartleby : un singulier littéraire »

21 h 30 : Lecture de Bartleby d’Herman Melville par Daniel Pennac

Vendredi 13 août 2010

9 h : Randonnée pédestre guidée par Patrick Valette

10 h : Ouverture de la librairie et du bistrot du Banquet

10 h : Atelier de civilisation grecque conçu et animé par Dominique Larroque-Laborde

11 h : Atelier cinéma conçu et animé par Jean-Louis Comolli : « Place du spectateur et part de l’ombre »

11 h 30 : Atelier de philosophie conçu et animé par Françoise Valon

16 h : Rencontre du petit cloître. Alain Pierrot : « Singulières postures des internautes »

17  h 30 : Quart d’heure musical, par Joëlle Cousin, Laurence Disse, Pierre Fourcade et Claude Simon-Fourcade

18 h : Rencontre du petit cloître. Jean-Claude Milner : « Propos sur l’être plusieurs de l’être parlant »

21 h 30 : Projection-débat du film de Ginette Lavigne, La Belle Journée, autour du travail de l’écrivain Christian Prigent, en présence de la réalisatrice et de l’écrivain, débat animé par Jean-Louis Comolli.

Les invités

Francesco Paolo Adorno (philosophe, professeur à Université de Salerne), Gwenaëlle Aubry (écrivain, philosophe), Stéphane Audeguy (écrivain), Patrick Boucheron (historien et écrivain), Jean-Louis Comolli (cinéaste, écrivain, théoricien du cinéma), Maryline Desbiolles (écrivain), Ivan Farron (écrivain, critique), Gilles Hanus (philosophe), Jean-Baptiste Harang (écrivain et critique), Paul Jorion (anthropologue et économiste), Gérard Macé (écrivain), Jean-Claude Milner (linguiste et philosophe), Daniel Pennac (écrivain), Alain Pierrot (spécialiste du numérique), Christophe Pradeau (écrivain), Pascal Quignard (écrivain), Mathieu Riboulet (écrivain), Olivier Rolin (écrivain), Marc Perelman (architecte, urbaniste, sociologue), Jean-Christophe Weber (professeur de médecine, spécialiste d’éthique médicale).

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