Sélection de juillet et août à la librairie Le nom de l’homme

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LA SÉLECTION DE JUILLET ET AOÛT 2021

LITTÉRATURE FRANÇAISE

Danielle Mémoire, Quelque membre de notre cercle, P.O.L, juin 2021, 208 p., 17 €         

« La même nuit que moi, ou la veille au soir, dans la même clinique, naît le fils d’un héros local de la Résistance. Le moment venu de me donner un prénom, duquel on ne s’est jusque-là pas mis en peine, ma mère demande comment s’appelle le fils du héros local. Le prénom connaît une version féminine. On ne va pas chercher plus loin. »

Avec ce nouveau livre, Danielle Mémoire s’approprie le genre autobiographique en s’inspirant directement du livre My life (1980) de la poétesse américaine Lyn Hejinian. Le premier paragraphe pour la première année de vie, suivi de deux pour la deuxième, puis trois pour la troisième, et ainsi de suite jusqu’à la trente-sixième année. Puis on redescend, de manière à arriver à un unique paragraphe, d’une unique ligne (et citée de Lyn Heginian), pour la soixante-douzième année.

Les éléments retenus peuvent être les seuls dont l’auteure est sûre pour une année donnée, ou bien ceux qui sont, ou peuvent apparaître comme étant la source de motifs dans l’ensemble de ses écrits. Et l’effort de scrupuleuse véracité devient le principe à la fois génératif et limitatif du livre.

« Tel cet enfant qui, assis devant la fenêtre de la maison, désigne son fauteuil comme « le siège du pilote »,  « se révélant avoir, matin après matin, conduit la demeure, dont il conviendra d’imaginer flottant les hauts murs, les tourelles, les cheminées massives, le vaste toit, à travers le ciel nocturne », Danielle Mémoire nous embarque en chantant (oui, elle chante, souvent) dans la maison volante de la littérature, dont elle n’est pas « quelque membre » imprécis mais le capitaine indiscutable, à suivre sans hésiter, toutes voiles dehors. »
Le Monde des Livres, 17 juin 2021

Sylvie Tanette, Maritimes, Grasset, mai 2021, 120 p., 14 €

Une île perdue en Méditerranée. Des collines, des oliveraies et, au fond d’une crique rocheuse, un village paisible avec son port minuscule. Depuis toujours, sa poignée d’habitants se tient à distance du continent… Ils racontent que de mystérieuses créatures marines veillent sur eux.

Assis sur un banc face à la mer, un vieillard se souvient. C’était l’époque de la dictature. Un jour, un jeune inconnu à l’allure de dieu grec, Benjamin, avait débarqué sur l’île.  Il était en fuite, tous s’en doutaient mais nul, jamais, ne lui a demandé de comptes. Benjamin s’est installé dans une maison en ruines, sur un promontoire isolé où bientôt le rejoint Michaëla, fille de l’île et de la mer. Mais la haine qui ravage un continent peut frapper un bout de terre qui se croit à l’abri du monde.
Une puissante histoire de résistance et d’indocilité qui est aussi un appel à l’attention envers la nature et à la force de la fraternité. L’évocation poétique et solaire d’une mythologie méditerranéenne éternelle et celle d’une mémoire chargée de chagrin. On n’oubliera pas la vision de Michaëla et Benjamin, de leur amour éperdu, fracassé par l’horreur de la dictature. 

 « Rien de plus et pourtant, Maritimes, de Sylvie Tanette, est d’abord un livre de fraternité et de résistance. De grands mots que son narrateur évite de prononcer car il n’est pas du genre à philosopher. » Télérama, 22 juin 2021

 

LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE

Konstantinos Tzamiotis, Point de passage, traduit du grec par Florence Lozet, Actes Sud, 224 p., 18.80 €

Par une nuit d’hiver, alors qu’un terrible orage se déchaîne, un bateau chargé de migrants fait naufrage dans la mer Égée : plus de trois cents survivants se retrouvent sur une petite île dont la population hors saison atteint à peine cent trente âmes. Comment prendre soin de tous alors que le gros temps empêche l’aide extérieure, le ravitaillement, la livraison de médicaments ? Par leur arrivée, les rescapés réactivent et exacerbent toutes les tensions existant entre des habitants isolés, qui se sentent eux-mêmes abandonnés par l’Europe.

Ce récit choral des quelques jours partagés par les réfugiés et leurs hôtes révèle sous diverses facettes la générosité, la peur, la surprise des rencontres improbables, l’opportunisme glaçant, la détresse, la méfiance, la bienveillance et la grandeur d’âme. Comment faire une place à son prochain, l’accueillir et l’accepter pour ce qu’il est ? Avec son regard complexe, qui sonde chaque individu sans le juger, Konstantinos Tzamiotis signe un roman d’humanité, profond et universel, volontiers cocasse, sur l’une des questions les plus brûlantes de ce début de XXIe siècle.

https://marenostrum.pm/point-de-passage-konstantinos-tzamiotis/

 

Alina Nelega, Comme si de rien n’était, traduit du roumain par Florica Courriol, Édition des femmes-Antoinette Fouque, avril 2021, 304 p., 22 €

« En écrivant, elle se dit qu’elle réussira à mieux comprendre – en inter­changeant le personnage de Nana avec celui d’un garçon, peut­-être, avec Dani ou Mits, par exemple, ce serait plus facile – ah non, ce ne se­rait pas plus facile. Elle devrait s’instruire davantage sur les corps et les émotions, comprendre pourquoi son ventre est serré, nœud de désirs et d’inquiétudes, elle les reconnaît bien, ils sont clairs ces mots, mais elle a peur de les exprimer. Ah, si elle pouvait courir, voler, se jeter sur le sable chaud d’une mer, écouter, éperdue, le bruit des vagues. Elle s’imagine les vagues et au­ dessus, la montagne. » A.N.

Cristina traverse son adolescence dans les années 1980, durant la dernière décennie de la dictature roumaine. Élève dans un lycée de province, elle s’éprend d’une camarade de classe issue d’un milieu plus élevé et se découvre une passion pour l’écriture. Mais les diktats imposés par le régime lui barrent le chemin. Jeune adulte, elle s’efforce de naviguer entre les contraintes politiques, familiales et sociales qui pèsent sur les femmes. Elle essaie d’écrire, jonglant entre précarité, censure et autocensure. Avec un humour corrosif, les plus subtils rouages de l’oppression sont mis à nu.

« C’est un roman comme un appel d’air vivifiant qui se glisse dans les petits riens du quotidien, bernant le conformisme entretenu par le régime et le contrôle permanent des voisins. Alina Nelega nous offre un beau roman à ranger dans les classiques de la liberté. »
Les influences, avril 2021

 

Ahmad Danny Ramadan, La Balançoire de jasmin, traduit de l’anglais (Canada) par Caroline Lavoie, Mémoire d’encrier, juin 2021, 256 p., 19 €

Épopée d’un couple dont l’amour porte les stigmates d’une Syrie déchirée par la guerre. Les deux amants se construisent un havre de paix à Vancouver jusqu’au jour où la mort frappe à la porte. L’un accepte son sort, l’autre lui raconte à n’en plus finir des histoires pour le garder en vie. Conte après conte, souvenir après souvenir, se tissent le deuil et l’espoir dans cette légende au parfum des Mille et une nuits.

Né en 1984, Ahmad Danny Ramadan est romancier. Il vit à Vancouver. La balançoire de jasmin est son premier roman.

POCHE

 

Hannelore Cayre, Richesse oblige, Points, juin 2021, 216 p., 6.90 €

En 1870, Auguste, le rejeton idéaliste d’une riche famille d’industriels reconnaissait un enfant qui n’était pas le sien. Aujourd’hui, Blanche de Rigny, fille de marin breton, découvre qu’elle pourrait très bien prétendre à cette fortune amoncelée… Qu’ils soient fourbes, cyniques ou cupides, les descendants de cette dynastie devront composer avec la ténacité de leur lointaine cousine qui n’entend pas rester ce petit rameau discret au pied de leur arbre généalogique. Et si elle décidait d’en élaguer toutes les branches pourries ?

Hannelore Cayre est avocate pénaliste. Elle est l’auteure de Commis d’office (qu’elle a porté elle-même à l’écran) et du best-seller La Daronne (adapté au cinéma, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre). Richesse oblige a reçu en 2020 le Prix du Noir Historique. »

« L’écrivaine et avocate fait de la justice sociale le carburant de ses romans noirs : les petites gens gagnent, les puissants perdent. C’était le cas dans « La Daronne », en 2017, et plus que jamais aujourd’hui dans Richesse oblige. »
Le Monde des Livres, mars 2020

THÉÂTRE

 

Wajdi Mouawad, Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge, Actes Sud, juin 2021, 14 €

Chanteur rebelle longtemps adulé pour sa poésie punk, Alice arrive à bout de souffle en milieu de carrière. Un ancien manager retiré du jeu lui propose à point nommé une disparition factice : décédé, Alice redeviendra l’artiste étoile qu’il a été, avant de pouvoir refaire surface un an plus tard, niquant tout le star-système dont il aura ainsi bafoué, dupé, éventé les rouages implacables qui ont broyé ses rêves fous de jeunesse.

Mais la mise en scène ne se déroule pas comme prévu, et la supercherie est révélée lors des funérailles. On ne joue pas impunément avec la mort, tout idole soit-on…

https://www.colline.fr/spectacles/mort-prematuree-dun-chanteur-populaire-dans-la-force-de-lage

 

BEAU-LIVRE

Jacqueline Salmon, Georges Didi-Huberman, Futurs antérieurs, Loco, juin 2021, 480 p., 45 €

Cette monographie introduite par un texte de Georges Didi-Huberman reprend près de quarante années de création photographique et autres. Elle revisite la chronologie de ses différentes séries pour les tisser entre elles et mettre en avant les problématiques que l’artiste continue d’explorer : les questions de l’espace, de l’écriture et de l’archive. Tirages photographiques, archives, publications sont les matériaux avec lesquels Jacqueline Salmon recompose, double page après double page, son parcours comme une interprétation musicale. Elle livre au lecteur les travaux qu’elle a jugés les plus importants dans la construction de son œuvre.

Par ailleurs, Jacqueline Salmon a toujours noué des liens importants avec l’écriture. Projets après projets ses écrits éclairent les séries en train de se constituer. Elle a toujours noué des liens privilégiés avec les écrivains et les philosophes qui ont beaucoup écrit sur son travail. Ce livre est ainsi l’occasion de (re)découvrir de larges extraits de textes, extraits de préfaces, d’entretiens écrits sur son travail et choisis pour leur justesse par rapport aux travaux sélectionnés et pour la qualité de leur écriture.

Avec : Paul Ardenne, Jean-Christophe Bailly, Jean Baudrillard, Christine Bergé, Christine Buci-Glucksmann, Michèle Chomette, Hubert Damish, Georges Didi-Huberman, Bruno Duborgel, Jean-Christian Fleury, Magali Jauffret, Michel Kelemenis, Christophe Loyer, Michel Poivert, Jean Louis Schefer, Paul Virilio.

http://www.jacquelinesalmon.com/fr/bibliographie-monographies/

 

Meir Shalev, Rafaella Shir, Mon jardin sauvage, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, Gallimard, mai 2021, 336 p., 23 €

Au cœur de la vallée de Jezréel, dans le nord d’Israël, Meir Shalev cultive son jardin bien-aimé. De sa plume, il donne vie à cette parcelle de terre, évoque les couleurs, les parfums et les sons qui la peuplent, au rythme des saisons qui défilent. Il décrit les paysages, mais converse aussi avec les vrais propriétaires du lieu : oiseaux, hérissons et autres amis. Dans cette collection d’impressions sur son jardin sauvage, l’amour de ce jardinier passionné pour son terrain dont il connaît tous les recoins transparaît à chaque ligne.

Tout en distillant avec humour anecdotes et conseils, Meir Shalev invite à une méditation sur ce que la nature peut nous apprendre de nous-mêmes.

« Rien de mièvre dans sa contemplation amuse et active de la nature, et encore moins d’idolâtrie verte… Sans anthropomorphisme, Meir Shalev se livre, à travers les végétaux, à une méditation sur le monde des hommes, soutenue par une familiarité, quoique laïque, entretient avec l’univers de la Bible (…), ainsi que qu’avec la mythologie gréco-latine ». Le Monde des Livres, 24 juin 2021

ROMAN GRAPHIQUE 

Lorenzo Mattotti, Rites, rivières, montagnes et châteaux, Actes Sud, avril 2021, 27 €

Dans ses carnets, Lorenzo Mattotti met en scène des rituels amoureux, des personnages errant, des rêves enfouis, des paysages et des châteaux. Il construit un théâtre dans lequel il explore, cherche, construit toujours des histoires futures.

« Une jeune femme à la chevelure de feu, des danseurs portant d’étranges masques rituels, des citadelles désertes, un marcheur lourdement chargé, une belle endormie emportée par ses rêves (…). Passionné par les échos des temps immémoriaux, les associations de couleurs intuitives, les réminiscences visuelles de notre mémoire collective, Lorenzo Mattotti n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’affranchit des codes et lâche ses chevaux. Beauté, ivresse et vertiges du grand galop. »
Télérama, 22 juin 2021

JEUNESSE

Fanny Chartres, Le Ciel est à tout le monde, L’École des Loisirs, avril 2021, 13.50 €

11 à 13 ans

Dans la vie d’Ethan Claudel comme dans les séries, il y a des épisodes inoubliables et des personnages qu’il n’a pas envie de quitter, des rêves qui se construisent au fil des saisons, des événements qu’il ne comprend pas, des mondes qui se renversent, des évasions et des apocalypses auxquelles il devra survivre. Les oiseaux résistent bien aux météorites, alors pourquoi pas lui ?

« La vie aussi, après une saison ratée, peut réserver une suite parmi les plus belles, suggère ce roman d’une singulière humanité. »
Télérama, 22 juin 2021

REVUE

Collectif, 180 °C, Des recettes et des hommes, n°24, Quoi qu’il en croûte !, Thermostat 6, juin 2021, 192 p., 21 €

Un numéro d’été qui croustille !
Pour ce tout nouveau numéro de la revue culture-food, la rédaction vous propose entre autres un dossier spécial intégralement consacré au pain, pour tout savoir et tout comprendre de ce produit emblématique de l’alimentation à la française, avec : un peu d’histoire, un grand entretien avec Roland Feuillas, un focus sur la qualité des blés, le portrait d’un artisan passé maîtres zen dans la fabrication du “vrai” pain de campagne, un précis sur les enjeux politiques liés au pain… 

Au menu également, mais dans un tout autre registre, rencontre dans Le Perche avec le chef Guillaume Foucault, un héritage culinaire consacré à l’inclassable Jean Bardet et bien sûr, toutes nos inimitables recettes de saison proposées dans nos rubriques Home-made, Divin quotidien et autres…
Juste un avant-goût de ce qui vous attend à la lecture de ces 192 pages !

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